mardi 20 septembre 2016

Acte de majorité

Que la en-majorité investisse toute cette puissance pour assurer sa majorité, est dans la logique des choses, si :
. la majorité ne lui est pas constitutive : la collégialité enseignante s'est divisée à parts à peu près égales, et le risque est celui d'une légitimité fragile. C'est de guerre, de bonne guerre peut-être, conditions des décisions par vote.
. elle craint la fragilité de sa légitimité. Faire le choix de consolider, bétonner, aussi uniment - mais alors aussi visiblement, se dénonçant elle-même publiquement - en assurant auprès d'elle les votes des blocs étudiants, BIATSS et extérieurs, est un choix, et une déclaration. Une priorité à la majorité, clairement énoncée, et performée avec la félicité maximale.

Question pendante pour moi : que craint-elle, de la liste d'opposition ? Outre de n'avoir pas la majorité absolue de fonctionnement, qui est toujours un horizon technique et asymptotique qu'on surveille.
Il va falloir que j'aille identifier ça en remontant dans la conversation, archive du printemps. 

lundi 19 septembre 2016

Minorité et analyse

A. Pour moi l'expérience de la minorité est le plus souvent traitée, la tension dans le corps résorbée et transformée, par la dépense en sémantisation : en analyse.
Il y aura très certainement à observer le rapport entre minorité et critique, avant tout. Et donc les modes de la critique, et des défenses contre la critique.
La minorité est structurellement critique, en position critique. Sans doute ensuite elle a plus ou moins de ressources, en conditions sociologiques si on veut poursuivre dans ce cadre, pour activer la force critique.

Modes de la critique, ou de l'analyse : contextualisation, pour commencer. Lecture des coups par réinscription dans différents ordres de sens. Rapporter à ; faire les rapports. Eventuellement : les réintroduire, éventuellement de force, dans l'espace du débat.

Actes de minorité : se parler, parler out

Sur le champ, constitution d'ensembles de communication : WhatsApp, liste de n° de sms, réunion appelée, pour rédaction de texte, communiqué. 
Ceci en sus de la masse d'ores et déjà conséquente des textes publiés sur le site web de la liste, et en sus de l'adresse du candidat de liste à la présidence de l'université, prochaine tribune programmée. Question de savoir comment et à quoi l'utiliser.

Calculs

Je suis frappée, sur le coup, de l'intensité de la préparation : ces textes sont lus, la bataille est rangée, les calculs les plus avancés ont été faits, et je les découvre au moment où leur réalisation se déroule sous nos yeux. MM, seule à parler de la parole, et à travers la bienséance dénégatrice de double registre, a clairement fait elle aussi, est une de celles qui a fait, les calculs attentifs : quel candidat pourrait porter la contrainte électorale telle ou telle - parité, ancien étudiant de P8, etc. - et alors quel autre serait potentiellement irrecevable en telle place dans les compositions du Conseil fixées par la loi Fioraso. Il faut 5 coups d'avance pour éviter une des disqualifications possible ; il faut deux heures de reunion de liste préalable, et toute la pratique des collègues qui ont vécu la campagne sur le terrain, pour s'en rendre compte. 

Corps, parole, partis

La sensation de l'écrasement dans les corps. Je la ressens et nous la commentons, exclamons. Ahurissement, sidération, de voir la performance se faire, la majorité se construire, bloc, rangée. BL écrit qu'il y aura à apprendre à recevoir ça.

Gestes, coups (je parlerai sans doute avec beaucoup la métaphore des échecs, Saussure), le premier, de couper, interdire, l'ouverture d'un échange préliminaire au vote sur les enjeux des décisions imminentes. Premier speech act, la en-minoration encaisse.

Les parlants déglutissent, la parole est extrêmement tendue, certains (la majorité) lisent des textes préparés comme des rapports de comité de sélection, d'autres (la liste vouée à minoration) improvisent en cherchant à déséquilibrer rééquilibrer les accents. Une autre encore, de grande pratique et de grande individualité, parle et pose, puis même commente (un commentaire qui est la seule évocation du passé et du passif de ces conflits déjà profondément structurés) et est la seule à parler hors vernis, à couper jusqu'au delà de la fausse politesse et du miel. Hypocrisie, tiens, simplement.

Je m'étonne que les candidatures, toutes sollicitées et hautement stratégiques, soient évoquées uniquement, et derrière l'énoncé de 'discours 1' on pourrait presque dire (le bienséant), par camps. La contradiction est évidente pour tous et tous l'acceptent : les interventions sont des coups partisans, et les locuteurs tâtonnent dans le langage pour trouver des formulations euphémismes, l'air désintéressé et convaincu, déconflictualisées, pour dire ce qu'ils s'entendent bien dire : je soutiens ce candidat, j'indique que ce candidat est celui de telle liste.

dimanche 18 septembre 2016

Le conseil hors conseil

Phalanges, rangs serrés, troupes.
Indiquent que le conseil s'est tenu longuement en amont, dans des géographies dispersées qui ne sont pas celle de la table de conseil, préparations réunions listes groupages mots d'ordre.
Longs mois de campagne, allongés par les incidents électoraux qui ont retardé les processus constitutants. Et ont laissé le temps à beaucoup de développement des incidents, positionnements, interprétations, confrontations, circulation de textes et rétention/communication d'informations et de nouveaux coups dans le jeu plus ou moins annoncés ou secrets.

Cartes des groupes et des partis

Séance constituante : les groupes de liste arrivent groupés et se placent à l'immense table du conseil groupés, les visages assez tendus et les regards interrogateurs. Des sièges libres marquent les frontières entre groupes. Des collègues se saluent en camaraderie hors partisane, un coincée et mal à l'aise et chaleureuse à la fois. Un peu apologetic ?

Il va y avoir des pans d'écriture et d'observation, peut-être. J'en compte trois émergents : ethno, auto, et méthodo. Notes d'objectivation (mais je ne suis pas sûre de tenir ça, c'est ce qui est étranger et inconfortable pour mes tropismes disciplinaires) - qui pose la question de l'ethno-observation comme constitution de l'autre-observé et les contradictions situationelles d'y être aussi participant/e, note autobiographie, et note méthodologie de l'analyse. 

Ethnographie de la minorité

Transition depuis Ce que fait un angliciste :

Immédiatement, alors que je m'inquiétais sottement par avance de rencontrer surtout du flottant et de l'indétermination à longuement orienter, la vie en CA d'université donne ses traits, marque dans les subjectivités (les mines durcies) et dans les socialités (trombes de messages d'analyse ex post, très riches et utiles d'ailleurs), et indique tout aisément ce qui se donnera à étudier par une observation participatrice. Première réunion du nouveau CA de P8, constituante : élection, les yeux écarquillés, des membres extérieurs selon la structure imprimée (cf Kafka, la machine à tatouage) par la loi 
(Le comique étant la répétition systématique de ce schéma, une disposition de la gauche dans toutes ses situations ; disposition de la gauche, et de toute une série de caractères dans lesquels je suis glissée et qui me placent dans ces minorités encore et encore, ici et là et encore là. Minorité par discipline, entre autres. Il y a aussi des minorités de privilège, qu'il faut aussi intégrer à l'attention et qui racontent une autre histoire. La profession universitaire en est une à plusieurs valences.)
Ce sera donc, peut-être aussi facilement que ça, pour le projet de survivre par l'ethnographie aux 4 années de CA : par l'étude de la minorité.
Ce qui sera commode, en cela que pré-disposé aux outils d'analyse de la domination en sociologie, bourdieusienne la première. Ces outils seront à disposition et à disposition de la critique tout autant. Et le compagnonnage avec CS précieux et profondément instructif comme toujours.
Je pense qu'assez vite je peux poser une forme, comme quelque chose comme une branche du blog vers un Minority report.
Done.