vendredi 16 juin 2017

Communauté scientifique

Fascinant de voir comment se fait, par quels rollercoasters fait passer, un projet orchestré tel que la préparation d'une candidature PIA3. Les instrumentalisations plus ou moins crasses, et les mots d'ordre à la fois idéologiquement transparents et soigneusement opaques ou opacificateurs. Mais aussi les naturels des désirs, narcissiques et épistémologiques, mobilisés en énergie, bonne et contagieuse (euphorie des temps d'entente et d'utopie partagée), aigre en division méfiance et mépris de disciplines.
Combien on se fait berner, dont mise au travail pour absorption d'attention ; et combien on s'empare et se multiplie ; combien les enjeux se façonnent, il faut en-jouer pour comprendre. Combien on apprend, à s'appliquer à la situation d'appel, interpellation exemplaire. Vous ! Politique des savoirs, pratique de terrain, observation participatrice chargée d'ironie, et pourtant on tente on passe par. 

samedi 1 avril 2017

Administrateur

Ce que c'est que d'activer, nécessairement, une position d'administrateur de l'université. Implication par le fait seul de la position.
Drama ces dernières semaines autour du projet et des actions de l'UFR 0, dont on retrouve quelques aspects dans la question posée autour du projet de festival afro-féministe, NMXR.
Revient poser la question à mes pieds mêmes : à quoi je me place quand j'accepte de monter participer au jeu institutionnel supplémentairement au statut basique d'enseignant-chercheur. "Chers administrateurs", interpellation. Les groupes d'énonciateurs positionnés aux autres pôles du champ de discours sur l'université ont pour la même interpellation des appellatifs différents. Voir. Points de vue. Ils en savent aussi quelque chose.

Que veut dire, ou tâter un peu plus profond la compréhension de ce qu'est, la position (parler-pour, s'essayer au rôle de l'université ; tâter la position de parole dans la représentation de l'université, son "bien commun", dont ses politiques oppositionnelles du savoir) point de vue de l'université, et celle des demands, activismes, essais de réarticulation, des différents mouvements ou manifestations montant des pratiques. Qui sont aussi une pensée de l'université et des occasions que fournit l'espace universitaire, parmi les espaces du social. Une pensée et une stratégie de l'université est toujours à l'œuvre, dans tout usage universitaire, même au tout bout possible d'un cynisme ou d'une instrumentalisation.

Une scène, échiquier, des points de vue sur l'université.
Voir les re-cartographies que ça vient tracer. Très mouvantes, très tactiques mais aussi improvisées et jouant du non-identifiable - il y a par exemple avec l'UFR 0 si je comprends bien un choix étudié, présenté comme principe d'horizontalité, de ne pas identifier les acteurs individuellement. Une adresse mail générique, par exemple.

Ici pratique de la majorité, voilà. Être renvoyé au majoritaire et à la voix de l'institutionnel. Que fait-on avec ça : voir pas à pas. Dans les multiples jeux qui sont des scènes du pouvoir, les places s'inversent et basculent, pour les mêmes joueurs. Comment cette complexité se navigue et comment elle permet encore de l'analyse. 

samedi 4 mars 2017

Réformes - et indignation

Comment ce fil se déplace, et trouve ses objets, inattendus. Je vais comprendre, petit à petit, ce dont il s'agit dans cette avancée à l'aveugle, prête pour l'orientation qui vient. Beaucoup d'insu, ou simplement un flou. Sur le plan d'objets où la minorité s'exerce. Dans l'espace de la politique des savoirs. Du savoir ?

L'invitation au retour ici est par l'annonce, en CA d'hier, des hoops à travers lesquels il va falloir sauter à l'injonction du nouvel appel PIA3. P8 desperately trying to achieve its place in the new regimes of academic monies and values.

Cette annonce me travaille fort. Elle a tous les effets déjà bien connus des pratiques de réformes et décisions politiques du temps : gestion par l'urgence avant tout, surdéterminant (l'appel est, annoncé au CA le 3 mars, pour rendu de projet en avril. La présidence a déjà conclu que la mobilisation du mois de mars devra être maximale, ne pas compter avec ses week-ends en temps privé). Superposition des nouvelles formes sur celles qui sont en place, sans le temps de penser les transformations. Mots d'ordre à la fois nouveaux, permettant de prendre les concepts et principes en défaut et permettant ces empilements chevauchements, avec leur qualité de déstructuration, et

Génération d'anxiété, défamiliarisation, dépossession des vocabulaires, rétention d'une vision d'ensemble sur une politique nationale et plus des recherche et enseignement. Injonction à produire de l'innovation, dans le sens attendu, et sans donner le sens attendu.


Qu'est-ce que c'est que cette indignation qui en monte à la gorge ? Mes réactions : ces injonctions sont perverses, à la fois mot d'ordre et demande de produire ses propres aliénations. Difficile encore de faire une autre lecture, le temps de cuver, dépenser, cette première couche de réaction. Tout ce qui est heurté. Certainement cela inclus des conforts institutionnels et scientifiques qu'il peut être bon de remettre en question. Mais dans ces conditions ? Types de ces conforts : appui sur des partages et champs disciplinaires connus, sur des modalités du rapport pédagogique, sur des modes de collégialité et de sociabilité, sur des temporalités de la recherche familiers, sur lesquels on compte et dans lesquels on sait tracer des stratégies constructives et critiques.
L'indignation est de voir ces modes être retirés de sous les pieds, plancher. Et de savoir par avance que toute secousse des structures, sous étiquette d'innovation et d'appel aux créativités forces vives et pensées autoréflexives des missions et métiers de l'université, sont des opportunités pour toutes formes de nouveaux entrants et mobilités d'opportunité. Ce que dit le conservatisme.

Une analyse politique des arrêtés récents qui donnent formes à ces nouveaux façonnages de la carte scientifique nationale - Écoles universitaires, Nouveaux cursus, Grandes universités de recherche ... - est à faire en tout préalable et c'est précisément ce que l'urgence dénie.
Effets à comprendre sur "le paysage" d'ensemble, à l'échelle où les américanismes des injonctions interviennent (graduate schools...), national mais mondial par le Global, un TINA du savoir toujours, imposé dans des conditions d'"autonomie" elles mêmes perverses.

Alors que, il s'agit évidemment de prendre par les orientations critiques qui sont en bouillonnement, et déjà longuement mûris depuis les années d'opposition, auxquels on ajoute facilement les critiques plus structurelles encore qui viennent de la pratique des disciplines.
. immobilité, encore accentuée avec les réductions des possibilités de mentions de Master par ex, de la structure CNU des disciplines. Une réflexion complexe sur  l'interdisciplinarité, et la disciplinarité
. le très vieux problèmes des classes prépas et écoles etc, qui ne cessent de continuer à affaiblir l'université en lui détachant encore de nouveaux membres spécifiques (autorisation de délivrance des masters hors univ par ex)
. l'impossible articulation entre université et les zones des besoins critiques : formation critique (et non le geste inverse : validation d'expérience, soit diplomation, autorisation de savoirs non choisis en politique universitaire), formation pour et avec associations, partis éventuellement, syndicats, activistes, mouvement, et toutes formes imaginables de corps et pratiques de savoir dans la société civile. Travail sur les dépossessions critiques et scientifiques. Ici on retrouve la dimension d'actualité et d'avenir qui dégage du conservatisme : les zones de savoir qui s'opacifient et s'exclusivisent., celles qu'il faut travailler à réapproprier.
. savoir avec qui on veut travailler : construction de collaborations critiques en dimensions internationales : avec des expériences du savoir critique : "retour d'expérience", accueil, non 
humanitaire, d'universitaires réfugiés : pour leurs savoirs. Exactement la même base pour les réfugiés
migrants actuels. Enquêtes.
. autonomie universitaire. Quid. Quomodo.